Étude de « Frère Jacques »
« Frère Jacques » est l'une de ces chansons / comptines connues universellement. Elle raconte l'histoire d'un moine ayant peut-être légèrement abusé du vin de messe et qui roupille tranquillement au lieu de sonner les cloches appelant aux mâtines (les prières du milieu de la nuit).
Si une mélodie comme « Frère Jacques » traverse les siècles et les frontières, c'est qu'elle respecte à la lettre les bonnes pratiques suggérées par la théorie musicale, ce qui fait que son étude, à notre niveau, est particulièrement instructive. C'est peut-être aussi parce que l'on ressent de l'empathie pour ce pauvre Jacques : qui a envie de se lever à 5h pour prier ?
Tonique et dominante dans la comptine
Voici la partition de la chanson. Notez que sous les paroles se trouvent les noms des notes.
Frère Jacques
Essayez d'observer à quels endroits les notes do (la tonique) et sol (la dominante) sont utilisées dans la chanson.
On démarre par « Frè-re Jac-cques » (bis), chaque syllabe « Frè » et « cques » correspond à un do. Immédiatement, le contexte est posé, nous sommes dans la tonalité de do, et la tension musicale reste relativement basse.
On enchaîne avec « Dor-mez voooouuuus ? » (bis) et chaque « vous » correspond à un sol. On sent bien que ce « vous » est le moment où la tension mélodique est à son comble. Peut-être que le pauvre camarade de chambrée du frère Jacques vient de se rendre compte que son réveil n'a pas sonné et que toute la promo risque de se faire priver de dessert par le père supérieur. Son incrédulité et sa panique sont palpables, d'autant que demain, c'est tarte aux framboises.
On poursuit avec « Son-nez les ma-ti-nes » (bis), une phrase qui démarre par un sol et redescend vers le do de départ. L'accent mis sur la première syllabe est cohérent avec l'emploi de la dominante, et confère à la requête une atmosphère urgente. Néanmoins, on sent que la tension redescend et qu'on se redirige vers une situation stable : « Maintenant, Frère Jacques, arrêtez de déconner et sonnez ces cloches qu'on puisse aller prier un bon coup avant de retourner se coucher ! ».
On termine avec « Ding Dang Dong » do - sol - do. Finir sur la tonique permet de retrouver un état stable. Essayez d'imaginer une autre note, et vous constateriez que ça ne serait pas aussi satisfaisant.
L'analyse est sans doute un peu tirée par les cheveux mais montre bien qu'on peut voir tonique et dominante comme deux pôles ayant chacun des rôles opposés et complémentaires dans la chanson. Ces notes ne sont pas placées là au hasard, elles sont utilisées parce qu'elles ont un sens d'un point de vue mélodique.
En résumé
Une rapide étude de la comptine « Frère Jacques » met bien en évidence les usages des toniques et dominantes.