Différents types d'accords disposent de sonorités bien distinctes et reconnaissables ; ainsi, avec un tout petit peu d'habitude, il est très facile de distinguer un accord mineur d'un accord majeur. Là dessus, aucun doute n'est permis.

Sonorités évocatrices

Mais on a souvent tendance à aller au-delà et à associer aux accords différents « parfums », différentes « couleurs ». On entend parfois que « les accords majeurs sonnent joyeux, tandis que les accords mineurs sonnent triste ». D'ailleurs, dans les leçons suivantes, vous lirez des phrases comme « tel accord a une sonorité qui évoque le calme et la chaleur… ou le mystère et l'angoisse… ».

À la lecture de telles affirmations, peut-être que vous ferez la même tête que moi quand un caviste me décrit un vin avec des adjectifs que j'entends pour la première fois de ma vie. Alors, qu'en est-il ?

Les accords mineurs sonnent-ils « triste » ?

Évidemment, ces associations ne sortent pas du néant. Ainsi, un accord majeur étant très consonnant, il sera certes plus facile de l'utiliser pour évoquer la joie ou la stabilité, tandis qu'un accord mineur, plus dissonant, sera facilement employé pour susciter l'inquiétude, le regret, la mélancolie, etc. D'ailleurs, le talent des grand·es compositeur·ices est d'évoquer des émotions extrêmement précises au travers de leur musique.

Mais il serait faux de dire qu'un accord majeur évoque systématiquement la joie ou un accord mineur la tristesse ; d'abord, l'émotion provient également d'autres éléments (les instruments utilisés, le tempo, le rythme, etc.) et on pourrait très bien écrire une chanson gaie uniquement à base d'accords mineurs, ou une ballade déchirante en n'utilisant que des accords majeurs. Ces associations ne viennent pas que des règles de l'acoustique, elles possèdent également un ancrage culturel et dépendent de variables personnelles.

Association émotionnelle des accords

Pour ces raisons, lorsque nous utiliserons ici-même un vocabulaire émotionnel pour décrire des accords, ce sera à prendre avec un certain recul et sans perdre de vue qu'il ne s'agit que d'un outil, pas d'une règle absolue. Chacun·e est encouragé·e à une écoute attentive pour réaliser ses propres associations.

Enfin, rappelons que les accords pris individuellements restent limités dans leurs possiblités évocatives, ils seront à étudier en relation avec tous les autres éléments qui les entourent.